Un escargot marchait, sa maison sur le dos.
Il se portait fort bien, la vie l’avait gâté.
Il n’était pas très riche mais pas pauvre non plus.
Il suivait son chemin sans rien prendre à personne
Et quand le soir venait, au chaud dans sa coquille
Il faisait de beaux rêves jusqu’au prochain matin.
Un jour il rencontra une drôle de créature
Lui ressemblant un peu mais sans le logement.
« Je m’appelle la limace » lui dit la sans logis.
« On vous a expulsée ? » Demanda l’escargot.
« Pas du tout mon bon prince, la vie m’a faite ainsi
Je suis une sans coquille et nous sommes des millions. »
Notre gastéropode s’en trouva fort ému.
« Que puis-je faire pour vous ? Votre état me chagrine. »
« Hébergez-moi ce soir car la nuit sera fraîche. »
« Comme vous y allez, ma coquille est petite. »
« En se serrant un peu ça devrait bien coller. »
« Ma coquille est petite et vous êtes des millions.
Je ne peux accueillir toute la misère du monde
Je regrette vraiment, au revoir et bonne chance. »
La limace s’en alla, déçue, en se disant
Qu’il vaut mieux naître riche que pauvre et démuni.
L’étranger a une sale tête (Poèmes caustiques en couleurs 1996) L’étranger a une sale tête
Qu’elle soit jaune ou noire
Qu’elle soit bleue ou verte
L’étranger a une sale tête
Il mange notre pain
Il prend notre travail
Il regarde nos filles
Il est la cause de tous nos maux
Avant qu’il vienne
Tout était beau…
L’étranger a une sale tête
Heureusement, il a bon dos.
Un honnête homme (Poèmes caustiques en couleurs 1996) Un honnête homme vivait tranquille
Dans un pays civilisé
Il acquit une automobile
Et puis se mit à la rouler
Au volant de cet instrument
Notre honnête homme vivait content
Et découvrit, cheveux au vent
Que le monde était beau et grand
Puis notre honnête homme a appris
En traversant les carrefours
A parler le langage choisi
Qui fleurit sur tous nos parcours
« Avance, hé patate ! Enfoiré !
Hé ! Ho ! pépère, secoue tes fesses
Espèce de connard, enculé !
Hé la mamie, remue ta graisse ! »
Un honnête homme c’est bien tranquille
Mais pas dans une automobile.
Je te salue soleil (chanson) (Poèmes rythmés 1994) Je te salue soleil
Qui revient chaque jour
Car la vie se réveille
Quand tu es de retour.
Je te salue soleil
Nous ne sommes rien sans toi
Ta lumière nous balaye
Et éclaire nos pas.
Je te salue soleil
Petit grain d’univers
Toi qui, sans qu’on te paye
Nous chauffe et nous éclaire.
Je te salue soleil
Qui fait briller la vie
Et pendant nos sommeils
Illumine nos nuits.
Je te salue soleil
qui égraine les secondes
et qui garde en éveil
la machine du monde.
Et si un jour, soleil
Fatigué tu t’éteins
Comme une étoile trop vieille
Belle sera notre fin.
La chenille et le papillon Fablueux (2000) Une chenille rampait sur la branche d’un arbre
Grignotant tristement quelques feuilles en passant
La vie d’une chenille, ce n’est pas palpitant…
A quelques pas de là, un joli papillon
Aux couleurs éclatantes voletait dans les airs.
Très heureux et très fier, il se posait parfois
Sur les fleurs les plus belles dont il humait l’arôme.
Le beau papillonnant, voyant notre rampant
Se posa à coté et lui parla ainsi :
« Comme ça doit être triste d’être ce que tu es !
Ta vie est misérable tu ne profites de rien
Tu ne vois pas le monde, tu ne voles pas dans l’air
Tu ignore la beauté et le parfum des fleurs
J’ai de la peine pour toi, je voulais te le dire. »
« Ne t’inquiète pas pour moi, tu as peu de mémoire
Car tu devrais savoir qu’avant d’avoir des ailes
Les plus beaux papillons ont rampé comme moi.
Tu es peut-être beau mais tu es éphémère.
Profite bien des minutes car elles te sont comptées
Et sache, divin insecte en habit d’apparat
Que la plus grande richesse est d’avoir un avenir
Le mien est à venir et le tien dépassé.
La goutte d’eau (Poèmes cosmiques en noir et blanc 1996) Une goutte d’eau vivait tranquille
Dans une mer immense
Le soleil un jour l’a appelée
Elle est montée, légère
Le long d’un rayon de lumière
Puis a suivi
Au gré des vents
La procession des nuages blancs
Un grand coup de tonnerre
L’a projetée à terre
Elle s’est mise à dévaler
Par monts et par vaux
De cascades en ruisseaux
Et de rivières en fleuves
Caressant les fleurs des champs
Abreuvant les gosiers secs
Irriguant forêts et plaines
Lavant tout sur son passage
Puis lassée de tant d ‘aventures
Elle est retournée chez sa mer
Rien ne se perd.
La marguerite (Poèmes caustiques en couleurs 1996) On s’aime…
Un peu
On s’embrasse
Beaucoup
On s’enlace
Passionnément
On fait l’amour
A la folie
On se marie
Pas du tout
On s’aime
Un peu
Et ça recommence…
L’amour tient à peu de chose
Un pétale de plus
Un pétale de moins
Sur la marguerite du destin.
La poésie 1 Poésivresse (2002) La poésie ? Je n’y comprends rien.
C’est normal, tu n’écoutes pas. Que dois-je écouter ?
Les mots. Quels mots ?
Les mots de la poésie, hé, pardi ! Et comment puis-je les écouter ?
En les lisant. Mais quand je les lis, je n’y comprends rien.
C’est normal, il faut lire entre les mots. Mais il n’y a rien entre les mots.
Justement, tu y mets ce que tu veux, c’est ça la poésie. La poésie 2 Poésivresse (2002) La poésie
Qu’on ne comprend pas
Est réservée à ceux
Qui ne comprennent rien à
La poésie.
Derrière la poésie Poésivresse (2002) Derrière la poésie
Il y a des mots.
Et derrière les mots ? Il y a des rêves.
Et derrière les rêves ? Il y a des êtres.
Et derrière les êtres ? Il y a la vie.
Et derrière la vie ? Il y a le mystère.
Et derrière le mystère ? Qu’est ce que ça peut te foutre ?
Regarde devant toi !
La première chanson (Poèmes cosmiques en noir et blanc 1996) Qui a inventé la musique ?
La mer, je crois
Qui a chanté la première fois ?
Le vent sans doute
Qui a écrit la première note ?
Le sable peut-être
Qui a fait la première chanson ?
Un animal
Qui marchait sur ses pattes arrières
Un soir
Il s’est mis à crier
De joie
De peine
De peur
Et on a tous repris en chœur…
La société (Poèmes caustiques en couleurs 1996) Y a dans la France
Trop de violence
C’est la faute à la société Dans nos écoles
Les profs s’affolent
C’est la faute à la société Y a dans les rues
Des gosses perdus
C’est la faute à la société Y a plus de ciel bleu
Dans nos banlieues
C’est la faute à la société Y a plus d’travail
C’est la pagaille
C’est la faute à la société Les flics ont peur
Même à plusieurs
C’est la faute à la société Y a plus d’Amour
Dans nos faubourgs
C’est la faute à la société Au fait c’est quoi la société ?
Des démissions à satiété. La solitude (chanson) (Poèmes chantés 1993) Seul dans la vie
Seul sans bonheur
Seul dans son lit
Seul quand on meurt
Comme en prélude
A la douleur
La solitude
Blesse nos cœurs.
Seul dans la foule
Seul dans la nuit
Seul quand on coule
Seul dans l’ennui
Du Nord au sud
Elle nous fait peur
La solitude
Blesse nos cœurs.
Seul dans son âme
Seul dans le vent
Seul quand on rame
Contre courant
D’incertitudes
En non-valeurs
La solitude
Blesse nos cœurs.
Seul tous les jours
Seul sous son toit
Seul sans Amour
Seul avec soi
En altitude
En profondeur
La solitude
Blesse nos cœurs.
Seul avec ceux
Qu’on ne voit pas
Seul au milieu
Et seul sans toi
Par habitude
Ou par malheur
La solitude
Blesse nos cœurs.
L’Amour (chanson) (Poèmes chantés 1993) De Juliette en troubadours
De Roméo en princesses
Nous avons chanté l’Amour
Et le chanterons sans cesse
L’Amour qui repeint les yeux
Aux couleurs de la tendresse
L’Amour qui conjugue à deux
Le plaisir et les caresses.
L’Amour fait tourner la tête
Il est semblable à l’ivresse
Quand on a trop fait la fête
Quand on a le cœur en liesse
Mais il rime avec toujours
Et c’est là que le bas blesse
L’Amour ne dure pas toujours
Il est comme la jeunesse.
De routines en habitudes
D’égoïsmes en maladresses
L’Amour perd de l’altitude
Et s’adonne à la paresse
Mais quand L’Amour a vieilli
Il n’a pas changé d’adresse
On peut toujours avec lui
Se refaire une jeunesse.
De Juliette en troubadours
De Roméo en princesses
Nous avons chanté l’Amour
Et le chanterons sans cesse.
Le bon Dieu (Poésies 1992) Dis papa, c’est qui l’bon Dieu ?
Ça mon vieux c’est pas coton
T’aurais pas une autre question ?
Dis papa, c’est qui l’bon Dieu ?
Là mon vieux tu exagères
Demande donc ça à ta mère !
Dis papa, c’est qui l’bon Dieu ?
C’est lui qui créa le monde
Toi et moi, enfin tout le monde.
Dis papa, c’est qui l’bon Dieu ?
Je n’sais pas, c’est compliqué,
Ma mère me disait toujours
Qu’il a inventé l’Amour
Mais c’est dur à expliquer.
Dis, ça sert à quoi l’bon Dieu ?
Ça aide bien, surtout les vieux
Avec lui la mort passe mieux.
Dis, ça sert à quoi l’bon Dieu ?
Mais à vivre après la vie
Retrouver dans l’au-delà
Nos parents et nos amis
Pour toujours enfin je crois.
Dis, ça existe le bon Dieu ?
Oui, bien sûr, je te l’ai dit
T’imagine la vie sans lui ?
Sans la vie après la vie ?
Pas de méchants ni gentils
Et pas de bien ni de mal
Et pourquoi les cathédrales ?
Plus de rêves ni poésies
Rien qu’un monde de fourmis.
Alors t’y crois au bon Dieu ?
Oui, bien sûr, j’y crois mon vieux
Même si je l’oublie un peu
Sinon pourquoi ce ciel bleu
Et cette lumière dans tes yeux ?
Le bâtard et la puce Fablueux (2000) Un bâtard trimbalait son hirsute carcasse
Au milieu des quartiers les plus bas de la ville.
Il jour il rencontra au détour d’une poubelle
Une puce qui l’appela et lui tint ces propos :
« Mon ami, veux tu bien que je grimpe sur ton dos ?
Que je me réfugie au chaud dans ton pelage ?
Je suis seule et j’ai froid et l’hiver se rapproche. »
Le bâtard, généreux, comme le sont tous les pauvres
Accepta et la puce prit le bâtard en marche.
Ils devinrent depuis lors deux êtres inséparables
La puce avait bien chaud dans sa maison de poils
Et le bâtard perdu, rejeté de partout
S’était fait une amie qui ne le quittait plus.
Le dinosaure et l’ablette Fablueux (2000) Un dinosaure immense, grand comme une montagne
Traversait la campagne en cherchant un point d’eau.
Le beau monstre avait soif car il faisait très chaud.
Il vit une petite mare et s’y pencha pour boire.
En se désaltérant il entendit une voix.
C’était celle d’une ablette, une petite créature
Habitant cette mare que le gros avalait.
« Hé ! Vas-y doucement ! Laisse-moi un peu d’eau. »
S’écria le poisson aussi fort qu’il le put.
Le dino fut surpris, il regarda la chose
Il n’avait jamais vu un être aussi petit.
« Comment est ce possible d’être aussi minuscule ?
Qui t’a donc faite ainsi ? Serais tu une erreur ?
La nature qui t’a faite avait elle toute sa tête ?
De quelle famille es tu ? De celle des moins que rien ? »
« Je ne suis qu’une ablette et cela me suffit
Le fait d’être géant n’est pas un avantage. »
A ces mots, quelque chose percuta la planète
Provoquant un désastre à nul autre pareil.
Le dino en mourut avec ses congénères
Tandis que dans la mare, malgré l’eau bouillonnante
L’ablette et sa famille frétillaient comme avant.
Quand le ciel tombe sur terre, il frappe d’abord les grands
Et les petits survivent bien souvent aux puissants.
Adam et Eve (chanson) (Chansons 1996) Je m’appelle Adam
Toi tu t ‘appelles Eve
On est seul au monde
Avec un serpent
Qui nous vend du rêve
Et un Dieu qui gronde.
Je m’appelle Adam
Toi tu t ‘appelles Eve
On n’a pas d’maman
On n’a pas d’papa
On n’a pas d’enfant
Mais on en fera.
Je m’appelle Adam
Toi tu t ‘appelles Eve
On n’a pas l’moral
On s’ennuie tout seul
Et quand ça va mal
Alors on s’engueule.
Je m’appelle Adam
Toi tu t ‘appelles Eve
Qu’est-ce qu’on pourrait faire
Pour se passer l’temps ?
Le monde est désert
Y a juste un serpent.
Je m’appelle Adam
Toi tu t ‘appelles Eve
Pour briser l’ennui
Changer d’horizon
J’ai créé ceci
Ça s’appelle chanson.
Pour te dire Oh Eve !
Que la vie est brève
Que le monde est fou
Mais que je m’en fous.
Le temps (chanson) (Poèmes chantés 1993) Le temps fout le camp
Trop vite à mon goût
Je n’ai pas le temps
De rire avec vous.
Le temps met les bouts
Et ne m’attend pas
Comment voulez vous
Que je reste là ?
Je presse le pas
Je passe sur tout
Le temps n’attend pas
Le comprenez-vous ?
Je sais que partout
Le temps qui s’en va
Se moque de tout
Se moque de toi.
Ne t’arrête pas
Et cours avec nous
Le temps qui s’en va
Nous a rendus fous.
Et qui êtes vous
Vous qui restez là
Planté comme un chou ?
Allons laissez moi.
Il ne répond pas ?
Tant pis après tout
Le temps n’attend pas
Le bonjour chez vous...
Mais pourquoi je prends
Mes jambes à mon cou ?
Au fond j’ai le temps
Causons, voulez vous ?
Le trou Poésitif (2000) On se fait secouer. C’est normal, notre route est jalonnée de trous.
Ah bon ? Un trou pour procréer
Un trou pour naître
Un trou pour se nourrir
Un trou pour évacuer
Un trou pour entendre
Un trou pour voir
Un trou pour sentir
Un trou pour respirer
Il faut un trou pour passer de l’extérieur vers l’intérieur
Ou de l’intérieur vers l’extérieur
Il faut un trou pour passer de la vie vers la mort
Ou de la mort vers la vie
Il faut un trou pour passer de la nuit vers la lumière
Ou de la lumière vers la nuit
Le trou est la base de l’humanité…
Et à la fin, nous finissons dans le trou, dans le trou noir.
Et qu’est ce qu’il y a au fond du trou ? Je ne m’en souviens plus.
Pourquoi, tu l’as su ? Oui mais j’ai un trou.
Les autres (Poésies 1992) C’est dur de supporter les autres
Avec eux de tout partager
C’est déjà dur avec les nôtres
Alors les autres, vous pensez…
Les autres c’est vraiment l’enfer
Ils envahissent notre espace
A pleins poumons respirent notre air
Et veulent nous prendre notre place.
Pourtant si nous n’avons plus rien
Si nous avons peur de la nuit
Et qu’ils nous tendent alors la main
Les autres c’est le paradis
Les autres c’est dur à supporter
Surtout quand on peut s’en passer
Les autres c’est dur de s’en passer
Quand on a besoin d’être aidé…
Les autres c’est vraiment l’enfer
Les autres c’est le paradis
Mais nous ne pourrons rien y faire
Les autres et nous c’est pour la vie.
Les bébêtes (Poèmes caustiques en couleurs 1996) C’est le minou à sa maman !
C’est le toutou à son papa !
C’est la mimi à sa mémé !
C’est la poupoune à son pépé !
Et nos bébêtes sans façon
Supportent nos manques d’affection
Et accompagnent gentiment
Les gens qui n’aiment plus les gens.
Les vieux (chanson) (Poèmes chantés 1993) Les vieux ont peur de la nuit
De la mort et de l’oubli
Ils avancent à petits pas
Les vieux ne se pressent pas.
Ils ont le temps d’arriver
Leur sentier est escarpé
Et les vieux le savent bien
C’est le bout de leur chemin.
Les plaisirs, les jours heureux
Sont derrière, loin derrière eux
On ne refait pas l’histoire
Les matins ont tous un soir.
Mais bien qu’il se fasse tard
Les vieux gardent encore l’espoir
De gagner un peu de temps
De voir le prochain printemps.
Doucement s’en vont les vieux
Sans un mot, sans un adieu
Toi et moi nous resterons
Et des vieux nous deviendrons
Il n’y a pas à pleurer
Et encore moins à en rire
Le bonheur d’avoir été
Vaut bien un jour de partir.
Limite Photos montage sur isorel (2006) Il n’y a pas de limite
L’espace et le temps
n’ont pas de limite
La bêtise et la haine
n’ont pas de limite
Dieu merci
L’Amour n’a pas de limite
Ça limite les dégâts…
Musique (chanson) (Poèmes chantés 1993) Je te salue musique
Plus vieux de tous les arts
Donne-nous la réplique
Chante-nous tes mémoires.
« Et Dieu créa la mer »
Fut ton premier morceau
Que tu jouas sur l’air
Des clapotis dans l’eau.
Je te salue musique
Plus vieux de tous les arts
Donne-nous la réplique
Chante-nous tes mémoires.
Bien avant la parole
Tu nous faisais chanter
Avant qu’en nos écoles
Nous apprîmes à parler.
Je te salue musique
Plus grand de tous les arts
Surtout quand tu fabriques
Beethoven ou Mozart.
Tu adoucis les mœurs
Tu élèves notre âme
Tu réchauffes nos cœurs
Et fais danser nos dames.
Je te salue musique
Plus beau de tous les arts
Lorsque mes yeux me piquent
Pour une chanson d’espoir.
Musique sans qui les sons
Ne sont que ce qu’ils sont
Et qui nous fait moins cons
Le temps d’une chanson.
Noël est mort (chanson) Mélodyssée 1 (2001) Ça fait deux milles ans
Qu’il existait
Et qu’il rythmait
Nos rêves d’enfants
Oui mais voilà
Son âme s’est tue
Ou plutôt on
Ne l’entend plus
Il ne nous reste
Que les paillettes
Quelques chansons
Et le folklore…
Noël est mort.
Il n’est plus né le
Divin enfant
Il est parti
Crécher ailleurs
Elle n’est plus sainte
La douce nuit
Plus solennel
Le vieux minuit
Il ne nous reste que le sapin
Artificiel
Et le décor…
Noël est mort.
On a échangé
Le chérubin
Contre un barbu
Vêtu de rouge
Dont se moquent même
Les enfants
Et qui trimbale
Dans sa hotte
De faux cadeaux
Remplis de vent
Vides en dedans
Mais beaux dehors…
Noël est mort.
Quand la fête s’achève
Que reste t - il ?
La gueule de bois
Et un grand vide
A quoi nous servent
Tant de cadeaux
S’il manque toujours
Celui qu’il faut ?
Bon père Noël
La prochaine fois
Amène-moi un
Noël vivant.
Nostalgie (chanson) Mélodyssée 1 (2001) Nostalgie, nostalgie
Quand on regarde derrière
Nostalgie, nostalgie
Quant à demain on préfère hier
Quand l’espérance ressemble à une photo jaunie
Quand on ne danse que sur de vieilles mélodies
Nostalgie, nostalgie
On ne revient pas sur ses pas
Nostalgie, nostalgie
On ne recommence pas l’aventure
Ça sert à quoi de regretter ?
On ne revit pas le passé
Les plus beaux jours sont à venir…
Nostalgie, nostalgie
Ça fait du bien les souvenirs
Nostalgie, nostalgie
Nos mémoires ne gardent que le bon
Il ne reste en nos cœurs que les journées bénies
Les visages de ceux qu’on a beaucoup aimés.
Nostalgie, nostalgie
Ça fait du bien, ça fait du mal
Nostalgie, nostalgie
Ça fait du mal de se rappeler
Ça sert à quoi de regretter ?
On ne revit pas le passé
Les plus beaux jours sont à venir…
Nostalgie, nostalgie
Comme une rengaine d’autrefois
Nostalgie, nostalgie
Tu frappes ceux auxquels le temps fait mal
Ceux qui ont l’âme fragile et le cœur à la traîne
Ceux qui ne savent plus regarder vers devant.
Nostalgie, nostalgie
Ne pourrais-tu pas t’inverser ?
Nostalgie, nostalgie
Et nous faire regretter l’avenir ?
Nous faire regretter l’avenir…
On est passé (chanson) (Chansons 1996) On est passé
Sans rien y voir
Des jours pressés
Aux jours en retard
On est passé
Sans rien y voir
Des champs de blé
Aux chants d’espoir.
On est passé
Sans rien y voir
Des jours d’été
Aux hivers noirs
On est passé
Sans rien y voir
Des matins gais
Aux heures du soir.
On est passé
Sans rien y voir
De l’arrivée
Au grand départ
On est passé
Sans rien y voir
Sans s’arrêter
Sans se faire voir.
On s’habitue Poésitif (2000) A la télé j’ai vu…
Compère, qu’as tu vu ? Des enfants affamés
Des enfants décharnés
Des enfants sans amour
Des enfants disparus
On s’habitue, on s’habitue… A la télé j’ai vu…
Compère, qu’as tu vu ? Des femmes empaquetées
Sous des voiles de honte
Des femmes moins bien traitées
Que les chiens de la rue
On s’habitue, on s’habitue… A la télé j’ai vu…
Compère, qu’as tu vu ? Des innocents battus
Torturés, massacrés
Pour une raison d’état
Ou autre cause perdue
On s’habitue, on s’habitue… A la télé j ‘ai vu…
Compère, qu’as tu vu ? Cent milles cas de misère
Cent milles âmes brisées
Cent milles espoirs perdus
Et je n’ai pas tout vu…
On s’habitue, on s’habitue… Et devant ma tété…
Compère, qu’as tu vu ? Un con qui s’habitue.
Origines (chanson) (rap’sodies 1998) Je ne sais pas trop d’où je viens
Je ne descends pas des gaulois
Je viendrais d’un pays lointain
Un pays chaud enfin je crois
Je ne descends même pas de l’arbre
On n’en trouve pas dans le désert
J’n’ai pas d’ancêtres sous le marbre
De vos jolis petits cimetières
Je suis juste le fils de mon père.
Je ne sais pas trop d’où je viens
J’ai du naître dans le béton
D’un quartier chaud, gris et malsain
Dans une zone sans horizon
J’n’ai pas d’arbre généalogique
Mon nom n’est pas dans vos grimoires
Inconnu sur la place publique
Je n’fais pas partie d’votre histoire
Mes origines c’est pas ici
Mes origines c’est plus là-bas
Des origines je n’en ai pas.
Je ne sais pas trop d’où je viens
Je ne sais pas mieux où je vais
Je vais au vent, au vent mauvais
Mes origines ce sont ces niches
Que t’as construites dans les banlieues
Que ne fréquentent pas les riches
Et qui foutent tant la trouille aux vieux
J’aurai peut-être un gosse demain
Alors laisse-moi prendre racines
Qu’il puisse avoir des origines.
Petit voici ton héritage (chanson) Mélodyssée 6 (2006) Petit voici ton héritage
Une terre brûlée, une terre souillée
Petit voici ton héritage
Des mers blessées, des mers vidées
Petit voici ton héritage
Des cœurs blasés, des âmes usées
Petit voici ton héritage
Un air vicié, un ciel percé
Petit voici ton héritage
Une caisse vidée, des impayés
Petit voici ton héritage
Des yeux voilés, des fleurs séchées
Petit voici ton héritage
Des champs de ruines, des champs minés
Petit voici ton héritage
Un monde trop noir, en panne d’espoir.
Petit voici ton héritage
Des enfants nus, les mains tendues
Petit voici ton héritage
Beaucoup d’esclaves, autant d’exclus
Petit voici ton héritage
Ici la guerre, là la misère
Petit voici ton héritage
Des riches plus riches, des pauvres plus pauvres
Petit voici ton héritage
Un monde injuste malgré la science
Petit voici ton héritage
Si tu peux fais en bon usage
Petit voici ton héritage
Il te faudra bien du courage
Petit voici ton héritage
Et je t’en demande pardon
Petit (chanson) Mélodyssée 4 (2005) Un petit qui souffre ici
Un petit qui meurt là-bas
Un petit battu ici
Un petit qui tend les bras
Un petit derrière un mur
Un petit que l’on torture
Et moi, avec mes petits soucis…
Un petit que l’on maltraite
Un petit que l’on exploite
Un petit qui doit se taire
Un petit à qui on ment
Un petit dont on abuse
Un petit qui nous attend
Et moi, avec mes petits soucis…
Un petit qui fait la guerre
Un petit qui la subit
Un petit sans père, ni mère
Un petit bien trop petit
Un petit qui nous appelle
Un petit qu’on n'entend pas
Et moi, avec mes petits soucis…
Un petit seul sans espoir
Un petit sans horizon
Un petit qu’on ne veut voir
Un petit que l’on oublie
Les petits sont des millions
Dans un monde de petits
Et moi, avec mes petits soucis…
Un petit qui manque de tout
Un petit qui crève de faim
Un petit qui dort dehors
Un petit qui ne joue pas
Un petit qui ne rit pas
Un petit qui meurt petit
Et moi, avec mes petits soucis…
Poésie (chanson) (Poèmes chantés 1993) Poésie t’es un art idiot
Pourquoi fais tu chanter les mots ?
Tu pourrais parler simplement
Ainsi que le font tous les gens
Pas moyen de dire ce qu’on veut
Sans marier les sons entre eux.
Poésie qui t’a inventée
Quel fou a donc eu cette idée ?
« Le fou je crois que c’est le vent
Les rivières et les océans
Qui déjà se parlaient en vers
Avant que l’homme ne vint sur terre. »
Poésie qui t’a inventée
Quel fou a donc eu cette idée ?
Poésie tu ne sers à rien
De toi on se passerait bien.
Poésie t’es un art idiot
Pourquoi fais tu chanter les mots ?
Tu pourrais parler simplement
Ainsi que le font tous les gens
« Pourtant aux mots je peux faire dire
Ce que les mots ne savent écrire
Sans moi qui chanterait la rose
Et qui ferait parler les choses ? »
Poésie t’es un art idiot
Quand tu t’exclames tu en fais trop
Poésie qui t’a inventée
Quel fou a donc eu cette idée ?
« Le fou je crois que c’est le vent
Les rivières et les océans
Ecoute-moi donc avec le cœur
Et tu comprendras ton bonheur. »
Prière Poésivresse (2002) Mon Dieu, si tu m ‘entends
Rends-moi meilleur…
Vous avez toutes les chances d’être exhaussé. Pourquoi ?
Vous ne demandez pas grand chose… Fait divers 1 Poésivresse (2002) Fait divers
Fée d’hiver
Fais dix verres !
Fait d’hiver
Fais dix verts !
Fée dit: « ver »
« fais ! » dit vert
fée dit : « verre »
fais dix vers !
c’est fait.
Fait divers 2 Poésivresse (2002) Un enfant assassiné
Une vieille dame attaquée
Une banque dévalisée
Une voiture encastrée (ses occupants en purée)
Un cycliste écrasé
Une maison incendiée (ses occupants grillés)
Un malade mal soigné
Un jugement mal jugé
Un coupable relâché
Un innocent emprisonné
Défaite du PSG…
Oh non ! Pas ça ! Si c’est le hasard (chanson) (Chanson 1995) Si c’est le hasard qui a bâti la vie
Si c’est le hasard qui fait les jours, les nuits
Si c’est le hasard alors je lui dis merci.
Si c’est le hasard qui fait rire les enfants
Si c’est le hasard qui fait les Noëls blancs
Si c’est le hasard alors il est vraiment grand.
Si c’est le hasard qui a construit l’Amour
Si c’est le hasard qui fleurit nos parcours
Si c’est le hasard qu’il soit béni pour toujours.
Si c’est le hasard qui a fait le ciel bleu
Si c’est le hasard qui fait briller tes yeux
Si c’est le hasard il est vraiment merveilleux.
Si c’est le hasard qui fait rêver les gens
Si c’est le hasard qui fait souffler le vent
Si c’est le hasard il doit être très puissant.
Si c’est le hasard qui a fait le soleil
Si c’est le hasard qui brille là dans le ciel
Si c’est le hasard il ne peut qu’être éternel.
Si c’est le hasard qui a bâti la vie
Si c’est le hasard qui fait les jours, les nuits
Si c’est le hasard alors je lui dis merci.
Si j’étais Poésitif (2000) Si j’étais un oiseau mazouté, je haïrais l’homme.
Si j’étais un bébé phoque massacré, je haïrais l’homme.
Si j’étais un poulet élevé en batterie, je haïrais l’homme.
Si j’étais une biche criblée de chevrotines, je haïrais l’homme.
Si j’étais un chien de laboratoire, je haïrais l’homme.
Si j’étais un taureau dans l’arène, je haïrais l’homme.
Si j’étais une baleine harponnée, je haïrais l’homme.
Si j’étais un veau aux hormones, je haïrais l’homme.
Si j’étais un poisson en eau polluée, je haïrais l’homme.
Si j’étais un lion en cage, je haïrais l’homme.
Et si tu étais un homme ? Comme j’aimerais les bêtes !
Tag (chanson) (rap’sodies 1998) Le monde est triste, le monde est gris et nous on s’y ennuie
La ville a ses bandes dessinées, ses bandes organisées
On a plein de choses à vous dire, on va vous les écrire
Tague moi la vie, tague moi le ciel, dessine mille soleils
On n’fait pas d’la littérature, on n’fait pas d’la peinture
On n’écrit pas des romans roses, on n’écrit pas d’la prose
Si tu n’comprends pas ce langage t’as qu’à tourner la page
Tague moi les murs, ce sont nos livres, tague moi le mal de vivre !
Tague la vie Tague le ciel Dessine s’y Mille soleils… Le monde a mal, le monde est dur ça se voit sur les murs
Les grandes villes ont des verrues ça s’entend dans les rues
Nos cités sont en mal d’amour et les bourgeois sont sourds
On deal un peu, de temps en temps, il nous faut de l’argent
Même si vous nous prêtez vos murs faut acheter la peinture
Les Cromagnons taguaient les grottes, au fond c’était nos potes
Tague la galère des gens d’ta race, faut bien laisser des traces…
Tague la vie Tague le ciel Dessine s’y Mille soleils… Le monde a froid, le monde a peur, il manque de couleur
T’inquiète pas, pendant que tu dors on te soigne le décor
En illuminant tes murs tristes on t’rappelle qu’on existe
Tague le béton pour plus le voir, peints le couleur espoir
Tu regardes les yeux horrifiés tes façades maculées
Tu n’comprends pas c’que ça veut dire, je vais te le traduire
Faut nous sortir de la galère si tu n’veux pas la guerre.
Tague la vie Tague le ciel Dessine s’y Mille soleils… Le taureau Poésitif (2000) Je suis un taureau
Condamné à mort
Pour vous faire plaisir
Pour vous belles dames
Qui battez l’éventail
Et qui vous pâmez
Devant ce guignol
Tout empailletté
Qui me fait danser
Pour mieux m’achever.
C’est un art, paraît-il ?
Dieu qu’il est délicat
Que vous avez bon goût.
Aïe ! J’ai terriblement mal
Une épée vient d’entrer
Juste derrière mon cou.
Ça va finir, tant mieux.
Ah, au fait, savez-vous
Pourquoi les taureaux n’organisent
Jamais de fêtes
Où ils feraient mourir
Un homme pour leur plaisir ?
Tout simplement parce que
Les taureaux sont intelligents
Et qu’ils respectent la vie.
Adieu mesdames, adieu messieurs
Celui qui va mourir vous salue
J’espère ne pas vous avoir déçus.
Un grain de sable (chanson) (Poèmes rythmés 1994) Un grain de sable
Dans le désert
C’est négligeable
A quoi ça sert ?
Et moi je suis
Un grain de sable
Aussi petit…
Et moi je suis
Un grain de sable
Aussi petit
Aussi minable.
Un grain de sable
C’n’est vraiment rien
Mais c’est capable
D’aller très loin
Lorsque le vent
Pousse la porte
Et puis l’emporte…
Ils se ressemblent
Les grains de sable
Et ils nous semblent
Tous semblables
Mais leurs couleurs
Des fois varient
Y en a qui brillent…
Y en a qui sont
Un peu plus gros
Un peu plus ronds
Un peu plus beaux
Oui mais au fond
Chacun diffère
Même ceux qui font
Le fond des mers
Ils sont comme nous
Jamais pareils
Sous le soleil…
Un grain de sable
C’n’est vraiment rien
C’est misérable
C’est moins que rien
Mais plein de grains
Font des déserts
Et l’univers…
Petit mais fier
C’est incroyable
Et c’est super
Un grain de sable.
Quand se rassemblent
Les grains de sable
C’qu’ils font ensemble
Est formidable
Les grains de sable
Au fond c’est nous
Rien et beaucoup.
La vache folle et le raton laveur Fablueux (2000) Une vache ruminait dans une vaste prairie
Elle était fort malade, c’était une vache folle
Elle tremblait de partout, ses jours étaient comptés.
Un jour elle rencontra un jeune raton laveur
Qui lavait sa pitance au bord de la rivière.
« Que vous arrive t-il ? » dit le raton surpris
« Vous avez la tremblante et votre œil est si terne. »
« Je vais mourir bientôt, ces farines pourries
Ont troué ma cervelle, ça ne se guérit pas. »
« Dans quel monde vivons-nous ? Vous êtes une victime
De la folie des hommes et de leurs inventions
Moi je ne risque rien, je prends mes précautions
Comme vous pouvez le voir je lave mes aliments
Je suis un écolo, je veux vivre longtemps. »
« Etes-vous bien certain que vos mesures suffisent ?
J’ai entendu ce soir les fermiers du village
Dire que notre rivière était empoisonnée. »
A ces mots le raton se senti ballonné
En plus il vit flotter à la surface de l’eau
Un poisson mort, tout gris, déjà décomposé.
Si on détruit la terre, la mer et puis les airs
Adieu les illusions, même les prudents mourront.
Violons (chanson) (rap’sodies 1998) Entends-tu ces sanglots longs
Qui nous étonnent ?
Qui traversent le béton
Et qui résonnent ?
Qui chantent en toutes saisons
Pas qu’en automne ?
Qui entend ces violons
A part personne ?
Qui écoute cette chanson
Si monotone ?
Ces cris qui donnent des frissons
Et rendent aphone ?
Derrière les murs des prisons
L’amour déconne
La raison perd la raison
Et abandonne.
Entendez-vous ces sanglots longs
Tristes et monotones ?
Derrière les murs des violons
C’est pas gai l’automne.
Entends-tu ces sanglots longs
Qui nous étonnent ?
Qui traversent le béton
Et qui résonnent ?
Qui chantent en toutes saisons
Pas qu’en automne ?
Qui entend ces violons
A part personne ?
Qui écoute cette chanson
Si monotone ?
Ces cris qui donnent des frissons
Et rendent aphone ?
Derrière les murs des prisons
L’amour déconne
La raison perd la raison
Et abandonne.